« Rien n’a de sens, et rien ne va »

Suis-je d’une génération désenchantée ? A vrai dire je ne sais pas, jusqu’il y a peu j’avais tout même beaucoup d’espoir et de « foi » en l’avenir.

C’est étrange car je n’ai jamais beaucoup apprécié les chansons de Mylène Farmer. Non pas que je les déteste mais comme beaucoup de chanson de la variété française, je n’ai jamais été attiré par elles. Puis soudain, il y a quelques jours, au détour d’une playlist choisie presque par hasard, je suis happée par ces paroles « mais rien n’a de sens et rien ne va ».

… La claque.

Comment est-ce que j’ai pu passer à côté de ça  ?

Je prends le temps et je réécoute la musique, attentivement cette fois : « je n’ai trouvé de repos que dans l’indifférence ». Il ne m’en faut pas plus.

C’EST MOI. Ou plutôt, c’est ce que je ressens dernièrement. La morosité ambiante a eu raison de mon enthousiasme il faut croire. Enfin presque.

J’ai toujours eu beaucoup d’espoir, j’ai toujours eu la soif de l’avenir, du « que va-t-il se passer ensuite ». J’imaginais l’avenir radieux, comme si j’étais dans un rêve. Mais depuis quelque temps j’ai la sensation de m’être réveillée. Et si les meilleurs moments de ma vie se déroulaient là, tout de suite ? Et que le pire était à venir ?

Je m’y voyais déjà, une vieille dame, botoxée peut être, seule a priori, mais cela ne me chagrinait même pas. Puis il s’est passé ce qu’il s’est passé dans notre pays, et beaucoup on dit « Pourquoi eux et pas moi ? ». C’est vrai, pourquoi eux, si ce n’est l’injustice de la vie. Cependant après le choc, j’en suis venue à penser que la véritable question qui se cachait derrière la première était peut être « si pas maintenant, quand ? ». Et c’est peut être ce qui expliquerait cette atmosphère maussade. Comme si soudainement nous avions pris conscience de notre mortalité. Prise de conscience que nous nous sommes empressés d’oublier, sans pour autant y parvenir cette fois.

Autrement dit, j’en suis venue à redouter le futur, ou plutôt à me méfier de lui. Cela n’a pas enlevé sa saveur au présent, au contraire. J’ai commencé à me dire que mes proches, les gens que j’aime le plus au monde, ne seraient pas là, pour la majorité, dans 50 ans lorsque je serais une vieille dame (peut-être que moi-même je n’y arriverai pas). Qu’adviendra-t-il de tous ces gens que j’ai aimé ? Auront-ils tous disparus ? Rien que de penser à ça, j’en ai mal aux tripes.

Et même, d’un point de vue plus général, le futur ne me fait pas ou plus rêver. J’ai comme l’impression que le monde est en marche, mais sans nous. Que cette « nouvelle » société qui apparaît, qui se dessine actuellement va nous écraser comme un rouleau compresseur. La technologie prend le pas sur l’humain et je n’aime pas ça. Le profit, le progrès, la rentabilité. Mais pourquoi ? Oui pourquoi nous infliger ça ? Pourquoi vivre sous autant de pression et de stress ? Est-ce parce que s’en est ainsi dans notre société ? Ce serait dont ça notre mode de vie ? La société pourtant n’est que l’ensemble des humains la composant il me semble. Ou alors a-t-elle une existence per se ? Avons-nous créé un monstre, comme toutes ces bulles dans les marchés économiques ? Ou comme le marché économique tout court ?

Je ne sais pas, tout ça me paraît vide de sens.

Suis-je la seule à me sentir inadaptée ? Suis-je la seule à vouloir dire stop, arrêtez avec vos conneries les mecs, la vie ce n’est pas ça ? C’est ironique quand on y pense, on a abolie l’esclavage il y a deux siècles mais en fin de compte, est-ce que nous devenons pas esclaves nous-même de cette société mondialisée à l’excès. J’ai parfois l’impression que nous revenons en arrière, comme si les droits de l’Homme n’avaient plus de sens, qu’ils étaient là pour faire joli mais que face à cette société de marché, de concurrence, de rentabilité en fin de compte ils ne faisaient pas le poids. Comme David contre Goliath. Mais l’issue ici reste incertaine.

En fin de compte, c’est peut être grâce à cette incertitude que je garde tout de même espoir. Peut être que nous nous en sortirons. Peut être que tel un seul Homme la société, pas que française, mais mondiale se relèvera et enverra chier tout ça. C’est utopiste oui. Mais à mon sens, si on ne remet pas l’humain et son bien-être au coeur de notre société, je crains que nous perdrons pour de bon notre force, notre atout, notre identité : notre humanité.

J.N

 

Laisser un commentaire